Comment le Togo se positionne comme hub digital sous-régional
Alors que le pays de Faure Gnassingbé se rêve en hub digital sous régional, le sommet de Lomé sur la…
Alors que le pays de Faure Gnassingbé se rêve en hub digital sous régional, le sommet de Lomé sur la cybersécurité s’est clôturé ce 24 mars. Avec la participation de plusieurs délégations ministérielles africaines, des panels d’experts, le soutien de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique et l’adoption par les pays participants de la déclaration de Lomé sur la cybersécurité, le chef de l’Etat Faure Gnassingbé et sa ministre en charge du numérique et de la transformation digitale, Cina Lawson, ont réussi le pari de positionner le Togo comme leader africain sur les questions de cybersécurité et de cybercriminalité.
Cadre juridique, institutionnel et infrastructurel
Ce premier sommet sur la cybersécurité en Afrique s’est déroulé dans la capitale togolaise près d’une semaine après l’arrivée du câble sous-marin Equiano de Google, un événement qui marque une nouvelle étape dans la stratégie du Togo de devenir un hub digital régional. Cette ambition reste celle nourrie par le président togolais depuis quelques années et précisée par la feuille de route gouvernementale 2020-2025.
Préalablement, au cours de ces dernières années, plusieurs dispositions et réformes ont été élaborées et coordonnées par le ministère chargé de l’économie numérique et de la transformation digitale. En effet, des lois et décrets ont été adoptés et mis en application dans la même période par le pays. Pêle-mêle, ces textes de lois vont de la cybersécurité et la cybercriminalité, à la protection des données, en passant par l’identification biométrique.
Corrélativement, le pays qui mise beaucoup sur les investissements directs étrangers et l’économie numérique pour son développement, a accéléré la transformation digitale de ses administrations, notamment avec l’avènement de la pandémie de covid-19. Cette digitalisation voire cette ambition de hub digital sous-régional est, aujourd’hui, formulée en priorité dans ladite feuille de route. Au premier rang de ces institutions qui se digitalisent, l’Office Togolais des Recettes (OTR) et le Port Autonome de Lomé (PAL), qui ont dématérialisé l’ensemble de leurs procédures au profit de leurs usagers.
Sur le plan institutionnel, le Togo a créé plusieurs institutions devant permettre au pays de mettre en œuvre, de façon globale, sa politique sur le numérique. La première de ces institutions est l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Issue de la réforme de l’ex ART&P et dirigée par l’ingénieur télécom, Michel Yaovi Galley, elle a pour mission de réguler le secteur des télécommunications et de le mettre aux standards internationaux.
Par ailleurs, plusieurs agences et sociétés ont été créées. Il s’agit notamment de la Société d’Infrastructure Numérique (SIN), chargée de la gestion et de l’exploitation des infrastructures numériques appartenant à l’Etat. Tout récemment, l’Etat a acté la création de l’Agence Togo Digital, qui devrait opérer la transformation digitale du pays. L’Agence Nationale d’Identification (Anid) a, quant à elle, pour mission de mettre en œuvre le projet national d’identification biométrique. Enfin, en matière de cybersécurité, le pays a créé l’Agence Nationale de Cybersécurité (ANCy) et le Centre national de réponse aux incidents de cybersécurité (CERT.tg).
Des partenariats stratégiques pour concrétiser le hub digital
Dans la même optique, Faure Gnassingbé et son gouvernement ont multiplié le développement de solutions infrastructurelles visant à concrétiser le positionnement voulu en tant que hub digital sous-régional. Infrastructures essentiellement réalisées avec le concours de partenaires institutionnels et privés internationaux.
Au titre de ces infrastructures, on peut citer le Lomé Data Centre et Carrier Hotel, inauguré en juin dernier. L’infrastructure numérique construite sur un espace d’un hectare à Lomé II et financé par le Groupe de la Banque Mondiale à travers le Programme Régional Ouest Africain de Développement des Infrastructures de Communication (WARCIP-Togo), à hauteur de 12,7 milliards FCFA, permet de sauvegarder et sécuriser des données nationales, mais aussi d’offrir à des opérateurs privés des services d’hébergement de serveurs en colocation.
Par ailleurs, le pays qui se voit en leader de la cybersécurité en Afrique, a également monté la joint-venture Cyber Defence Africa avec le polonais Asseco pour offrir des services de protection du cyberespace africain. En ce sens, le sommet de Lomé sur la cybersécurité, auquel ont participé les responsables d’Asseco et où Cyber Defence Africa a pu effectué des simulations de cyberattaques, était également une opération commerciale au profit de cette structure.
Egalement dans l’actualité, l’arrivée à Lomé au cours de la semaine dernière, du câble sous-marin Equiano de Google dont la gestion et l’exploitation, notamment via la vente de la capacité internationale à des fournisseurs d’accès internet, à la fois au Togo et dans les pays voisins, sera confiée à la société CSquared Woezon. Une joint-venture conclue entre l’Etat togolais, à travers la Société d’Infrastructures Numériques (SIN) qui en détient 44%, et CSquared, un groupe de droit mauricien détenu par Google, le Japonais Mitsui, le Fonds sud-africain Convergence Partners, et la Société Financière Internationale (IFC, du Groupe de la Banque Mondiale).
Klétus Situ
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